mardi 22 septembre 2015

Suis-je arrogant lorsque je traite quelqu'un de vantard?


Le paradoxe amusant est que bien souvent, cataloguer une personne de vantarde (qu'elle le soit ou non) permet momentanément de se sentir supérieur puisque cela indique implicitement que personnellement nous nous trouvons humbles (donc meilleurs). En effet selon toute logique, seule une personne humble est légitime à relever la vantardise d’une autre… La personne qui qualifie un tiers de prétentieux devient alors à ce moment précis une personne arrogante voir méprisante et incarne, dans une certaine mesure, ce qu’elle dit rejeter de l’autre (à savoir sa soi-disant supériorité).

Les seules solutions qui m’apparaissent alors envisageables pour ne pas être arrogant sont :

- ne pas se comparer à l’autre ou du moins ne pas aboutir après une comparaison à la conclusion que je lui suis supérieur ou qu'il me soit supérieur

- être sûr d’être purement dans l’objectivité lorsque l’on émet une remarque sur autrui ou sur nous-mêmes

En d’autres termes, l'humilité et l'objectivité sont les deux maîtres-mots pour ne jamais être arrogant.

Pourquoi se comparer de manière systématique?

Comme je l'ai expliqué, la personne qui qualifie une autre de prétentieuse, sans même vérifier la véracité de son propos, laisse, l'espace d'un instant, parler son égo et réagit de manière instinctive. Elle se sent diminuée, dégradée, meurtrie par une réflexion que l'autre émets, une réflexion qui d’ailleurs quand on l’analyse ne la concerne même pas. Si quelqu'un dit : « Je suis un très bon chanteur» ou « je suis un très grand sportif» en quoi ces phrases appellent-elles à la comparaison? Consciemment ou inconsciemment, une autre personne va à tord toujours vouloir mettre en jeux sa propre valeur et se comparer. Cela s'explique par le fait que notre perception est largement égocentrique. En effet tout ce que nous voyons et tout ce que nous pensons, nous le faisons toujours par rapport à nous même.

Pourtant, énoncer que l'on possède certaines capacités (si elles existent) est simplement un constat de réalité qui au départ n’appelle à aucune comparaison. Si je dis : « Je suis un tireur hors pair » cela signifie uniquement que je suis un très bon tireur et non pas que les autres ne savent pas tirer ou qu’ils sont moins bons que moi ou encore que je suis le meilleur. Si je dis : « Je suis quelqu’un de fort » ou « Je suis quelqu’un de cultivé » cela ne signifie absolument pas que les autres sont systématiquement faibles ou non cultivés.

Pourquoi certaines personnes répondent alors : « Arrête de te croire meilleur que les autres.» En quoi énoncer que nous sommes doués pour un domaine particulier est-il synonyme de supériorité? Dotant plus que chacun est doué pour quelque chose... C’est l’interlocuteur qui créer cette comparaison et cette idée de supériorité dans sa tête. On peut très bien affirmer être bon en soi sans chercher à comparer.

Krishnamurti a dit un jour : 

« Toute comparaison relève ainsi de la catégorie de l’imaginaire leurrant. Toute comparaison est un trompe-l’œil sur le réel qui s’écoule comme un torrent sauvage. Elle s’inscrit dans un ordre social qui ne relève pas de la vérité mais du pouvoir. »

La non dualité serait-elle la clé?

« Quand il n’y a pas comparaison, il y a intégrité. Cela ne veut pas dire que vous êtes honnête envers vous-même, ce qui est une façon de mesurer, mais quand il n’y a nulle mesure, il y a cette qualité de plénitude. L’essence de l’ego, le moi, c’est la mesure. Lorsqu’il y a mesure, il y a fragmentation. Cela, il nous faut bien le comprendre, non comme une idée mais comme une réalité. En lisant ce qui précède, peut-être allez-vous en faire une abstraction, c’est-à-dire une idée ou un concept, mais l’abstraction est une autre forme de mesure. Ce qui est ne mesure pas. S’il vous plaît, mettez tout votre coeur à le comprendre. Une fois que vous en avez saisi la pleine signification, votre relation avec l’élève et aussi avec votre famille deviendra quelque chose de tout différent. En demandant si cette différence est pour le mieux, vous êtes pris dans l’engrenage de la mesure. Alors vous êtes perdu. Vous verrez la différence lorsque vous mettrez réellement la chose à l’épreuve. Le mot même de différence implique la mesure, mais ici nous l’utilisons de façon non comparative. »

Jiddu Krishnamurti : Lettres aux écoles, 18, Courrier du livre, p. 59-60.

Krishnamurti prônait donc la non-comparaison. Ce comportement paraît pourtant quasi-infaisable vu que ce processus nous suit depuis notre plus jeune âge. En effet, à moins de se projeter en permanence dans l’avenir et dans des représentations fallacieuses et fantasmées de la réalité, nous vivons tous notre vie à travers nos pensées et notre pensée fonctionne par mesure et par comparaison. Nos idées, nos pensées proviennent de notre imagination (au sens d’activité cognitive) et de la remémoration incessante du passé constitué de mémoires conscientes et largement non-conscientes et nous comparons ces pensées les unes aux autres. Qu'on le veuille ou non la comparaison reste l’un des éléments clés du processus de reproduction de la pensée et nos expériences passées ou plutôt la façon dont nos expérience passées agissent sur nous au présent conditionnent notre être et notre façon de voir le monde. 

Comparer veut aussi quelque-part dire juger et les religions et autres philosophies professent aussi qu’il ne faut pas juger.

« Ne jugez point afin que vous ne soyez point jugés, car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez ». 
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu chapitre 7, versets 1 et 2

« Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? Ou comment peux-tu dire à ton frère : Laisse-moi ôter une paille de ton œil, toi qui as une poutre dans le tien ? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l’œil de ton frère. » 
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu chapitre 7, versets 3 à 5

Dans le bouddhisme c’est pareil, le jugement doit être laissé de côté. Il y est enseigné qu’il faut renoncer à nos croyances, à nos opinions, à nos idées et que seul le détachement intérieur et le renoncement au moi peut nous conduire à faire l’expérience de la vraie réalité, celle qui n'est pas parasitée par nos interprétations. En d’autres termes, notre réalité n’est pas la réalité! Le psychanalyste Lacan l'avait d'ailleurs remarqué quand il disait que l’esprit humain était toujours partagé entre réel, imaginaire et idéal.

C'est au fond l’un de nos plus grands problèmes, la réalité est multiple, et nous n’arrivons pas à l’embraser dans son ensemble. Le jaïnisme appelle cela Nayavada. Pour couronner le tout cette réalité n’est pas toujours non plus synonyme de vérité ou de véracité. Quand je dis que la réalité est multiple, je veux dire par là qu'elle est plus complexe et bien plus vaste que ce qu'elle laisse supposer de prime abord. La réalité est multiple parce que les choses sont multiples, votre personne est multiple, ma personne est multiple. En prenant mon cas il y a la personne que je crois être, la personne que les autres croient que je suis, la personne que je crois que les autres croient que je suis et enfin la plus importante, la personne que je suis réellement. Encore une fois notre réalité n’est pas la réalité.

En définitive, la clé pour vivre sans heurt serait dans un premier temps de faire preuve d’humilité, c’est à dire prendre conscience que poser un jugement hâtif sur l’autre, être complexe, c’est le réduire à mon champ de vision qui la plupart du temps est assez étriqué ; qu'en clair notre jugement sur cette personne ne pourra jamais englober toute sa complexité. Deuxièmement, il faudrait apprendre à accepter la comparaison dans la relation sans être touché dans notre être avec par exemple une réaction de ce type : "Oui cette personne possède effectivement un talent que personnellement je ne possède pas mais ce n’est pas grave, tout le monde est différent, chacun ses aptitudes. Son talent ne doit pas être chez moi source de frustration mais plutôt source d'inspiration." Enfin dans un stade beaucoup plus avancé, il faudrait finir par adopter ce que prônait le penseur Krishnamurti à savoir se débarrasser du mécanisme de comparaison. 


lundi 21 septembre 2015

L'hypocrisie face au talent, une jalousie voilée


Avez-vous déjà remarqué qu’il est communément admis et accepté d’énoncer une de nos qualités en public mais pas un talent trop prononcé? En fait, tout ce qui touche l’égo du récepteur du message est « interdit ».

Exemples : "Je suis gentille." "Je suis patient."  "Je suis généreuse."  "Je suis ouvert d’esprit." Jamais on ne dirait de ces observations qu’elles sont prétentieuses ou vantardes. La personne qui énonce ces faits se connaît, elle a du recul sur elle-même et elle se décrit tout simplement. Pourtant si la personne dit : « Je suis douée » ou « Je suis forte dans x domaine », on va alors dire que cette personne est prétentieuse.

Exemples :

« Tu es un excellent musicien. » = observation de la réalité, compliment
« Je suis un excellent musicien. » = vanité, présomption

« Tu es un très bon acteur. » = observation de la réalité, compliment
« Je suis un très bon acteur. » = vanité, égo surdimensionné

« Tu es un super avocat. » = observation, compliment
« Je suis un super avocat.» = vanité, prétention

« Tu es irrésistible et tu es un vrai tombeur. » = observation, compliment 
« Je suis assez irrésistible et je suis un vrai tombeur. » = vanité, arrogance, prétention

Le domaine lié à l’apparence connaît le même écueil paradoxale. Si une personne dit d’elle-même un jour : « Je suis belle » ou « Je suis attirante », on va alors lui dire qu'elle n'est pas modeste, même si les autres peuvent lui faire remarquer sa beauté à longueur de journée. Il est donc permis à autrui de remarquer vos talents ou votre beauté et de les énoncer quand ils le souhaitent, en revanche il vous est strictement interdit de mentionner ces attributs directement sous peine d’être cataloguer et juger négativement avec des qualificatifs négatifs tels que vantard, prétentieux, présomptueux ou encore arrogant. 

Changer simplement de pronom lors d’une observation changerait-il tout à coup la réalité? 
Ne serions-nous pas tout simplement hypocrites?

Lorsque l’on analyse deux minutes ces assertions, on observe que la personne qui établit ce constat de prétention n’est pas forcément objective.

Définition de vantard : s’attribuer des qualités, des mérites que l’on n’a pas ou s’accorder une valeur exagérée.
Définition de présomptueux : qui a une trop grande opinion de soi-même
Définition de prétentieux : qui a des prétentions, qui possède une trop haute opinion d’elle-même
Définition d’arrogance : qui manifeste une insolence méprisante

En d’autres termes, le prétentieux, le vantard ou le présomptueux sont dans l’exagération, l’exacerbation du moi et le mensonge. La vraie vantardise, la vraie prétention sont d’ailleurs des comportements que l’être humain adopte pour combler un manque, ce sont des attitudes de compensation. La personne vantarde ou prétentieuse a une posture illusoire sur ce qu’elle est, elle s’idéalise elle-même, elle fantasme sa propre image en s’attribuant des capacités qu’elle n’a pas. Elle rêve sa propre excellence, c’est une hypertrophie du moi comme on dirait en psychanalyse. Cette personne n’est pas du tout dans l’observation mais dans le fantasme, elle divague et a effectivement besoin qu’on la ramène à la réalité.

Que dire par contre de la personne qui n’est ni dans le mensonge ni dans l’exagération? Si la personne est vraiment douée, elle ne fait alors qu’exposer brièvement à voix haute des qualités et des mérites qu’elle possède et que les autres peuvent observer. Cette personne fait donc preuve de réalisme et de discernement et n’a en aucun cas une trop grande opinion d’elle même. Son affirmation repose sur des faits et les faits sont de l’ordre du domaine visible, ils sont attestables et vérifiables (contrairement à la vantardise qui repose sur quelque chose d’imaginaire). Après, si elle décide de mentionner son talent pour implicitement susciter la comparaison, se faire mousser ou se donner un sentiment de force ou de supériorité sur les autres, cette personne reste réaliste dans son constat mais elle est arrogante dans sa façon de penser.

Quoiqu’il en soi, la vantardise, la présomption ou la prétention ne sont en aucun cas des qualificatifs recevables pour qualifier quelqu’un de talent, conscient de son talent et qui énonce ce talent car comme je l’ai dit plus haut ces qualificatifs péjoratifs relèvent toujours du fantasme et se fondent sur une parfaite méconnaissance de l'autre et de nous-mêmes. Ostad Elahi appelait cette image dilatée de la réalité, l’égo illusoire. Au contraire, une personne qui connaît en profondeur son propre caractère et qui arrive à percevoir avec exactitude ses insuffisances, ses faiblesses mais aussi ses points forts, ses compétences et ses réussites, est une personne perspicace qui fait preuve de lucidité sur sa propre condition.

Marguerite Yourcenar disait : « Le véritable lieu de naissance est celui où l’on a porté pour la première fois un coup d’œil intelligent sur soi-même. »

Cette personne n’est donc pas prétentieuse mais objective. Elle peut être égocentrique en revanche mais l'égocentrisme n'a rien à voir avec le talent. Une personne sans le moindre talent ou qui ne s'aime pas, peut tout aussi bien faire preuve d'égocentrisme si elle passe son temps à s'apitoyer sur son sort. L'égocentrique est une personne qui parle tout le temps de lui, que cela soit en bien ou en mal et qui ramène toujours tout à lui. Il veut monopoliser l'attention sur lui. Dans le "pire des cas", une personne qui énonce posséder un talent peut être qualifiée de fière mais en aucun cas de prétentieuse ou de présomptueuse. La fierté n’a rien à voir avec la vantardise ou la prétention. La fierté c’est être dans un état de fort contentement ou de grande satisfaction par rapport à une situation (qui existe). La fierté positive ou négative (c’est à dire modérée ou excessive) est un sentiment légitime puisqu’elle repose sur des éléments réels. La vantardise ou la prétention en revanche sont des sentiments illégitimes dans le sens qu'ils ne reposent que sur des divagations et des extrapolations.

Le but de cette petite réflexion est de vouloir mettre un terme à cette hypocrisie ambiante. Il faudrait en définitive que les gens arrêtent de se vexer et de réagir systématiquement de manière négative ou péjorative lorsqu'il arrive à leurs interlocuteurs de parler d'eux-même en bien . Une personne est autant dans son droit (si ce n'est plus) à parler d'elle-même que les autres en ont de parler d'elle. Il n’est pas question ici de dire qu’une personne doit, à longueur de journées, énoncer au monde qu’elle est douée ou qu'elle possède telle qualité ou telle capacité, cela serait stérile tout en relevant de l’obsession et de la fierté maladive mais tous comme les autres, elle possède un cerveau, le sens du discernement, l’usage de la parole, des yeux pour voir et la conscience d’elle-même ; pourquoi n’aurait-elle jamais le droit d’énoncer une situation ci celle-ci est vraie?

Tout simplement parce que la majorité des gens confondent en permanence vérité/réalité et vantardise. Le simple fait d’énoncer une vérité qui va inconsciemment les diminuer ou d’énoncer une aptitude qui peut leur faire défaut est considéré comme une agression et un étalage de supériorité. L’interlocuteur va alors répondre à cette « agression inconsciente » en caractérisant l’émetteur de prétentieux et de vantard, sauf que cet orgueil ou cette soi-disant vantardise est une pure construction mentale de l’interlocuteur qui en réalité fait preuve de jalousie. La personne n'est plus dans l'objectivité car cette jalousie brouille son jugement.

Ce n’est pas l'éventuel talent de l’autre notre problème, c’est notre perception

Si une personne taxe son interlocuteur de prétentieux ou de vantard lorsque ce dernier se dit talentueux dans un ou plusieurs domaines alors qu’il s’avère effectivement talentueux, la personne qui émet ce qualificatif péjoratif et défavorable n’est plus dans l’objectivité mais dans la divagation, elle refuse d’admettre la réalité. Elle fait preuve d’ignorance, d'aveuglement et elle se ment à elle-même dans le seul but de se rassurer. Elle le fait car elle a besoin de se sentir en contrôle, c’est un processus sécurisant. « C’est parce que je fais le choix de reconnaître que tu as du talent que je me sens en accord avec cette situation ». Si en revanche tu m’imposes cette réalité en disant : « J’ai du talent », non seulement je deviens agacé car je n’ai rien choisi, je ne l'ai pas décidé, mais en plus je me sens instantanément diminué. Je traduis cette frustration, cet agacement immédiat et incontrôlable en te traitant alors en retour de prétentieux.  Le fait de te juger, de te qualifier de prétentieux ou de vaniteux, des attitudes communément admises comme impopulaires et néfastes, apaise alors mon malaise et ma frustration et me permet finalement d’accepter ta remarque qui indéniablement t’avantages. En effet, même sans le vouloir, la personne qui énonce qu’elle possède certaines aptitudes ou certains talents, s’avantage puisqu’en réalité tout le monde ne les possède pas. La personne en face va vouloir alors s’avantager à son tour en la remettant à sa place en la taxant de prétentieuse.

 

Le mécanisme de la jalousie est similaire pour moi à une balance mal équilibrée. Quand la jalousie n'existe pas, tout se passe bien entre deux personnes, la balance est équilibrée. La jalousie apparaît lorsque l'une des deux personnes va par l’un de ses propos ou de ses agissements (parfois même par sa simple apparence physique) déstabiliser l’autre en faisant naître chez lui une gène, un manque, un agacement, une envie. Tous ces affects naissants vont provoquer chez elle un sentiment de diminution, la balance va alors se déséquilibrer. Pour contrebalancer ce déséquilibre, ce malaise mental interne et aussi se rassurer, la personne jalouse va alors réagir excessivement et va verbaliser son affect en jugeant arbitrairement son interlocuteur même si sa réaction (on ne peut pas parler de réflexion) n’est pas justifiée.

Quand on lit des interviews d'actrices ou de mannequins connues pour leur grande beauté par exemple, on constate que dans la majorité des cas, elles ont été victimes lors de leur adolescence de jalousie virulente et de coups bas de la part de leurs camarades de classe. Les personnes jalouses ont en réalité un sentiment d'infériorité face aux personnes qu'elles décrient, moquent, calomnient ou harcèlent. Elles vont alors projeter leur mal être, leur malaise psychologique sur les personnes qu'elles jalousent et vont vouloir que leurs "victimes" connaissent le même mal-être si ce n'est pire. 

Contrairement à ce qu'elle laisse paraître, la personne jalouse possède au fond une faible estime d'elle-même et un profond manque de confiance en soi. On pourrait également parler de frustration et d’envie mais ces réactions émotionnelles découlent finalement toutes deux de la jalousie et la jalousie ne provient que d’une trop grande exacerbation du moi, d'un moi instable.


Origine de la jalousie

La jalousie naît selon moi en trois actes auxquels nous devons ajouter nos défaillances. Il y a tout d'abord une phase d'observation de l'autre ; le moment de la comparaison avec notre propre personne ; puis vient ensuite l'interprétation personnelle que nous allons faire de toutes les données recueillies dans les deux premières phases. La synthèse de ces trois phases observation/comparaison/interprétation couplée à nos peurs et à notre absence de maturité intellectuelle et émotionnelle va alors faire naître chez nous un manque ; un manque par rapport à ce que l'autre possède ; ce qui va causer la jalousie. 

A mon sens, seule l'analyse, l'introspection et la réflexion permettent d'atteindre la maturité intellectuelle et la maturité intellectuelle va nous permettre de prendre du recul sur les situations que nous vivons, de dominer nos passions, nos pulsions, nos sentiments et d'accéder de ce fait à la maturité émotionnelle. Je pourrais décrire la maturité émotionnelle comme un sentiment de sérénité, de neutralité, de calme, de sécurité intérieure face aux situations qui embarrassent l'esprit. La maturité émotionnelle traduit l'état d'une personne équilibrée et autonome dans ses pensées et ses agissements. Une personne est mature émotionnellement quand elle gère ses sentiments, plus exactement quand elle comprend pourquoi elle a tel ou tel sentiment, tel ressentiment, en s'observant de manière neutre. Elle est en revanche immature émotionnellement quand ses sentiments de l'instant la guident et la rendent instable.

Quand nos émotions ne débordent pas, ne nous déstabilisent pas et ne nous font pas agir de manière négative envers nous-même ou envers les autres nous faisons preuve de maturité émotionnelle. Une personne qui ne connait pas la jalousie ou la possessivité par exemple fait preuve d'une grande maturité émotionnelle. Une personne qui par exemple montre de la colère ou même une personne qui masque sa colère afin de paraitre calme ou encore une autre qui masque sa jalousie en dénigrant l'autre, ne fait pas preuve de maturité émotionnelle mais d'instabilité.


Conclusion 

Réfléchissez deux minutes à l'avenir avant de qualifier quelqu'un de prétentieux. Assurez-vous dans un premier temps de connaître la définition des termes que vous employez (cela évite de faire fausse route) et essayez ensuite de voir si cette prétention est réelle ou si elle n'est pas plutôt synonyme d'une jalousie de votre part.